Mon Etape du Tour 2024

Et si je vous racontais mon "Etape du Tour 2024", un mois plus tard jour pour jour ? 

Mais oui, il y a déjà un mois, je m'alignais sur la ligne de départ de cette épreuve mythique organisée par Amaury Sport Organisation ; ceux-là même qui organisent le "Tour de France" professionnel. Celui que tout le monde connait. Cette année, le parcours de 138 kilomètres et 4600 mètres de dénivelé positif entre Nice et le Col de La Couillole passait par le Col de Braus, le Col de Turini, puis le Col de La Colmiane et représentait pour moi le plus beau des challenges personnels sur route.

Histoire d'un pari fou, mais pas hors de portée...

 

6 Juillet 2024, 5H20. Après m'être couché de trop bonne heure, le réveil me sort du sommeil. Pourtant, j'étais réveillé depuis 1h30 du matin sans parvenir à retourner dans mes songes. Les dernières heures ne m'auront pas permis de récupérer, de me reposer. Sauf la dernière peut-être car j'ai la tête dans le cul. Mais quelques minutes après m'être aspergé le visage d'eau fraîche, je me mue en Zébulon, prêt à affronter les éléments quel qu’ils soient. Prêt à lutter contre le temps, contre moi-même. Au lieu de partir le ventre vide, comme quand je vais bosser, je me faisais un petit-déjeuner à l'anglaise : café, pain, beurre, confiture, omelette, lardons et pâtes ! Un vrai repas complet dès 5h30. Faut pouvoir. Mais que signifiait ce petit effort après 6 mois de préparation et le monument sportif qui allait suivre pour les 12 prochaines heures ?

J'avais donné rendez-vous à 6H00 à mes amis Jean-Luc et Ronan ; tous deux inscrits également à "L'Etape du Tour 2024" pour les descendre en voiture au moins jusqu'à l'aéroport de Nice ; et c'est ma femme qui se proposait de nous y conduire. Nous les embarquions tous deux devant leur domicile après avoir chargé notre voiture la veille au soir dans le calme. Rapidement, nous étions tous les trois d'accord sur une chose : nous avions tous passé une nuit de merde. Mais nous gardions cependant le moral et étions impatients de prendre le départ.

Pour ceux qui n'imaginent pas vraiment l'envergure de l'épreuve, notez que celle-ci enregistrait 16000 inscrits cette année. Et que pour cause d'élection législatives anticipées, l'épreuve a été avancée de 24 heures. Si bien qu'environ 2000 candidats ne se sont pas présentés sur la ligne de départ. Cette fameuse ligne était franchie par vague de 1000 coureurs toutes les 7 minutes et 30 secondes. Pour ma part, avec le dossard 14817, je devais rejoindre le SAS 14 et partir à 8h45 alors que la 1ère vague partie à 7H00.

Dans ce même sas, je me retrouvais avec un autre ami ; Arnaud, venu sur la ligne de départ par ses propres moyens. Nous y avons attendu au moins 45 minutes. Discussions avec d'autres coureurs et aller-retours aux urinoirs mis en place juste sous les fenêtres du Negresco. J'avais l'impression que depuis sa terrasse au dernier étage, Dua Lipa pouvait tout voir de mon anatomie ! ...Et me faire signe de monter.

8H40 ; nous étions 1000, invités à monter sur nos vélos pour nous approcher de la ligne officielle de départ dans une ambiance surchauffée, la sono crachant un discours motivant faisant référence à la difficulté du parcours et de notre tentative d'imiter les pros.

8H45 ; top départ ! Concentré. Surtout ne pas s'emballer et partir trop vite ; essayer de suivre un lièvre. Non, ce que je devais faire était bien ancré dans mon esprit. Rouler à mon rythme, à mes sensations, et toujours garder un œil sur mon rythme cardiaque. Boire toutes les 10 minutes maximum, et ingérer une ration de BeeA toutes les 30 minutes. Bref, reconduire tout ce que j'avais étudié et mis en place durant mes 6 mois de préparation.

Arnaud et moi restions ensemble. Peut-être pour nous rassurer l'un et l'autre. Jusqu'à la première difficulté à la sortie de Blausasc et le début d'ascension du (petit) Col de Nice, nous avions doublé déjà bon nombre de participants. Je me demandais alors ce que venaient faire ces cyclistes peu aguerris dans une épreuve au long cours. Parmi eux, je savais déjà que beaucoup n'iraient pas au bout dans le temps imparti.

Dès les premières rampes, Arnaud s'est envolé. 10 ans et autant de kilos en moins malgré mes 11 kilos perdus, ça fait la différence en montée. J'espérais juste pouvoir revenir sur lui dans les descentes, et pourquoi pas le devancer sur la ligne d'arrivée en espérant qu'il allait pêcher ; non sur sa puissance, mais sur son endurance. On se tire la bourre à l'entraînement, pourquoi vouliez-vous que ça change sur l'EDT ? Il suffisait juste de le faire avec intelligence.

Bien avant de franchir le Col de Nice, je voyais des coureurs en grande difficulté. Je me souviens de ce Monsieur d'au moins 70 ans (pour info le doyen des coureurs ayant franchi la ligne d'arrivée est âgé de 81 ans !) encore sur le vélo et à l'arrêt, appuyé sur un mur de soutènement. Des spectateurs autour de lui, guettant un malaise. Je pensais alors à mon propre cœur en jetant un nouveau coup d'œil à ma fréquence cardiaque. 140/145 PPM max. 150 quand la pente augmente aux alentours des 9 ou 10%. Telle était ma règle imposée.

Je basculais sur le village de L'Escarène. Une première descente rapide où je me rendais compte qu'il ne fallait pas que je descende comme j'en ai l'habitude. Seulement un bon tiers des coureurs présents savaient vraiment descendre et leurs trajectoires étaient pour le moins très aléatoire. Je me voyais obligé de prendre la corde en hurlant pour prévenir de mon arrivée par l'arrière à qui voulait la couper aussi. Et ma première sortie de virage m'a vite rappelé que sortir large signifiait venir me frotter aux autres moins rapide et pas dans la trajectoire idéale. J'ai réduit considérablement ma vitesse. J'estime avoir fait les 4 descentes de col à 80% de mes capacités. Les 2 coureurs qui ont été hélitreuillés en direction de l'hôpital Pasteur à Nice après une chute spectaculaire dans la descente du Col de Turini vers La Bollène étaient peut-être à 100% ou au-delà. J'espère qu'ils s'en sont bien remis en tous cas.

Quelques kilomètres plus loin, un collègue de travail et une résidente de l'immeuble où je bosse devaient venir m'encourager. Je leur avais suggéré de se placer à la sortie de Touët-de-l'Escarène ; là où la pente affiche un bon 10%. Finalement je les croisais dans les épingles un peu plus haut. L'un me filmait tout en m'encourageant, l'autre faisait résonner une clochette fournie par l'organisation à qui souhaitait faire du bruit sur notre passage.

Je franchissais les mythiques épingles à cheveux de l'ascension du Col de Braus, toujours en dépassant beaucoup plus de monde de que je ne me faisais dépasser. Le doute s'immisçait en moi ? Et si j'étais parti trop vite ? Et si je m'étais surestimé ? Et si passé 3000m de dénivelé positif c'en était fini de mes forces ? C'était la grande inconnue pour moi. J'ai dû faire 3 ou 4 sorties aux alentours des 3000m durant ma préparation, mais jamais 4600m.

Je me sentais toujours très bien en arrivant au premier col et j'avais prévu de ne pas m'arrêter ; ni pour manger, ni pour boire ; il me restait encore largement pour rejoindre Sospel. Dans le dernier kilomètre d'ascension la pluie était venue détremper la route, il allait falloir être encore plus prudent dans la descente.

C'est à pied que j'ai dû changer de versant ! Le premier ravitaillement se trouvait là et il faut croire qu'ils étaient déjà très nombreux à avoir faim et/ou soif ! Il m'a bien fallu 5 minutes pour franchir la ligne droite du col. Ensuite je faisais la bascule. Sur des œufs. Un peu au-dessus du Col Saint-Jean, Arnaud me dépassait. J'en concluais alors qu'il s'était arrêté au ravito du Col de Braus. Et pour que ce soit lui qui revienne sur moi dans une descente, il y avait 2 options :

  • soit je descendais trop prudemment ;
  • soit c'est lui qui prenait trop de risques.

J'ai un peu haussé mon rythme pour voir comment mes pneus tenaient la route sur sol mouillé. Jusqu'à ce que je sente ma roue arrière quelque peu décrocher sur un freinage un peu plus appuyé. Arnaud était toujours quelques 20 ou 30 mètres devant moi et je m'apprêtais à le mettre en garde sur ses prises de risques sachant qu'il est moins bon descendeur que moi. Mais trop tard, dans une épingle droite, je le voyais partir au tapis. Sa roue avant décrochait subitement et il tombait lourdement sur son épaule droite, son casque heurtant le bitume. Immédiatement je m'inquiétais de son état. Encore au sol, apparemment bien secoué mais pas KO, il me répondait que tout était OK alors que je le dépassais par l'extérieur du virage. Il m'encourageait même à continuer ma descente.

C'était donc la deuxième option qui l'avait hélas emporté. Je redoublais donc de vigilance et espérais revoir rapidement Arnaud me rattraper dans la prochaine ascension.

Je traversais Sospel sur route sèche. L'averse était vraiment localisée. Et j'attaquais la montée du second col de la journée : le Turini, sous un soleil largement supportable. On peut dire que la météo (excepté cette averse) a été idyllique pour la pratique du cyclisme ce 6 juillet. Je respectais toujours mon ordre de marche, hydratation, alimentation, rythme cardiaque. Et les jambes tournaient toujours parfaitement bien.

À mi-ascension, dans la ligne droite de La Menour, j'avalais la moitié du sandwich scotché au cadre de mon vélo, puis je traversais Moulinet, toujours sans m'arrêter au ravitaillement. Je stoppais juste à la fontaine déserte alors que les vélos s'entassaient partout autour de moi pour remplir mes gourdes avec le sourire de celui qui outrepasse les règles. Un gros panneau mentionnait "Eau Non Potable", et des cyclistes me regardaient les yeux médusés prendre de l'eau malgré la recommandation. Ils ignoraient que j'avais vécu de longues années à Sospel et que monter à Moulinet à vélo et y boire son eau ne m'avait jamais rendu le moindre du monde malade. Certes, il est bien possible que quelques fois des analyses y détectent un problème. Mais c'est mon petit côté parano-complotiste qui me laisse à penser que ce sont les pontes de Bruxelles et leurs lois généralistes qui interdisent de boire à une petite fontaine d'un village dans le Sud de la France dont ils ignorent tout, juste par principe de précaution. Je n'en peux plus de cette idée. Que chacun prenne ses responsabilités. En remplissant mes gourdes, c'est ce que j'ai fait. Et ne comptez pas sur moi pour me plaindre en cas de souci de santé. Le seul responsable, c'est moi. Et qu'on arrête de me dire ce que je dois boire ou pas.

La deuxième partie de la montée du Col de Turini est un peu plus difficile. Par sa longueur, et par sa pente. Arnaud parvenait donc à revenir sur moi et à reprendre quelques minutes dans l'ascension. Je prenais des nouvelles de sa santé après sa chute et il m'informait qu'il pensait à minima à une grosse luxation de l'épaule en croisant les doigts pour que ce ne soit pas plus grave. En tous cas, il avait des difficultés pour forcer sur son guidon.

Nous nous retrouvions au Col de Turini auprès de sa famille qui me faisait bénéficier de leur assistance et je les en remercie. Je vidais mes poches des papiers d'emballage, mangeais un morceau, buvais sans être essoufflé et c'est appréciable. Puis nous repartions ensemble dans le toboggan de La Bollène-Vésubie. Toujours avec prudence car ses virages sont serrés et le goudron de mauvaise qualité. Une dame chutera juste devant nous dans un virage. Nous nous sommes arrêtés car elle avait le plus grand mal pour se relever et se mettre à l'abri des autres coureurs qui sortaient pleine balle du même virage. Elle semblait bien amochée au niveau de la mâchoire. Mais nous n'avons pas eu le temps de garer nos vélos en sécurité qu'un motard de l'organisation s'arrêtait à son tour pour lui porter les premiers secours et faire le nécessaire. Arnaud et moi repartions. Jusqu'au prochain accident un peu plus bas. Dans une zone sinueuse et très escarpée, des motards en travers de la route nous demandant de "passer au pas". Une ambulance gyrophares tous feux allumés, des sauveteurs en harnais, des cordes, des mousquetons... Et on apprendra plus tard qu'un cycliste avait sauté dans le ravin. Polytraumatisé. Evacué par hélicoptère sur Nice.

Je traversais désormais La Bollène puis Lantosque sans m'arrêter au nouveau ravitaillement. Là aussi j'ai dû mettre pieds à terre pour le franchir. Et je laissais à nouveau partir Arnaud dans le faux-plat montant jusqu'à Saint-Martin-De-Vésubie. La mi-course était dépassée et j'avais toujours d'aussi bonnes sensations. Le col à venir, celui de La Colmiane me paraissait le plus facile à franchir, mais ce n'était pas une raison pour y puiser plus de force que nécessaire pour garder mon rythme ; pour rester dans la gestion de mon effort comme je l'avais conçue.

Toute la journée il y a eu des coureurs autour de moi. À aucun moment je ne me suis retrouvé seul sur la route. Et finalement, regarder les autres pédaler, perdre ou gagner une place, ou bien échanger quelques mots ; ça passe le temps, ça fait oublier l'effort et sa douleur. Petite anecdote : il est assez surprenant de constater que plus les kilomètres défilaient, moins les langues se déliaient.

Je franchissais maintenant le Col de La Colmiane sans aucun problème physique ou technique. Je retrouvais encore une fois Arnaud qui sortait de la zone de ravitaillement alors que je venais de récupérer des bouteilles d'eau sans y poser un pied pour ma part. Pour l'alimentation, j'avais toujours de quoi rester en autonomie, mais je commençais à saturer du sucré. Je terminais mon sandwich salé.

Je crois que je savais déjà que j'allais franchir la ligne d'arrivée quelques heures plus tard. Sauf si...

La descente du Col de La Colmiane vers Saint-Sauveur-Sur-Tinée est rapide en partie haute pour devenir sinueuse et dangereuse plus bas. Arnaud et moi sommes restés ensemble. Depuis sa chute son disque touchait ses étriers et je pensais alors que son disque était légèrement voilé sous l'effet du choc. Moi je restais presque de plus en plus prudent. Je commençais à éliminer mentalement les soucis physiques tellement je me sentais bien. Je ne souhaitais pas, à ce stade de la course, risquer un abandon sur chute. Et encore moins un souci mécanique.

Parvenus dans la vallée de la Tinée, ans le faux plat montant, Arnaud et moi avons roulé en prenant quelques relais tous les deux. On trouvait que ça roulait vraiment trop tranquille et on espérait ainsi trouver un peloton à notre niveau. On ne l'a jamais trouvé. Soit c'était trop lent, soit les mecs qui nous doublaient étaient bien trop rapides. À ma demande, on a levé le pied. J’avais peur une nouvelle fois de faire une erreur, de présumer de mes forces. En fait, pour avoir reconnu 4 fois le Col de La Couillole pendant ma préparation, je peux avouer aujourd'hui qu'il m'a toujours fait peur. Je le trouve long, sinueux, avec une pente irrégulière et un revêtement qui ne rend pas du tout. Et à 16H, il se grimpe encore sous le soleil.

Saint-Sauveur. Au pied de l'ultime ascension. 16km et 1400m de dénivelé positif. Dès les premiers mètres, Arnaud s'envolait. Il aurait pu m'encourager à prendre sa roue, je ne l'aurais pas fait. Pas parce que je ne m'en sentais pas l'énergie. Juste parce que je voulais finir ; franchir cette putain de ligne et malgré le petit bout qu'il me restait à faire, prendre encore et toujours toutes les précautions : hydratation, gels (je ne pouvais plus rien avaler de solide), gérer mes pulsations cardiaques. Suivre Arnaud cela aurait été terminer la course à 150 ou 155 PPM pour moi et peut-être concentrer l'acide lactique dans mes jambes, avoir les premières crampes, ne plus pouvoir m'en défaire et rester planté là, à 10 km du sommet. Inenvisageable !

J'ai continué sur mon rythme. Et comme prévu (aussi), j'en ai chié. J'avais beau connaitre chaque virage, chaque tunnel pour les avoir comptés, chaque rampe où le dénivelé augmente, je semblais scotché au bitume. Mes jambes ont commencé à donner des signes de fatigues. Comme l'impression que malgré tous mes efforts, appuyer davantage sur les pédales était devenu impossible. J'arrivais cependant encore à descendre de 4 dents mes pignons pour me mettre en danseuse et relancer quand nécessaire. Et le nécessaire, s'était pour moi descendre sous les 7Km/h. Je m'étais même mis en tête de descendre du vélo et marcher (ce que de nombreux cyclistes faisaient déjà depuis le Col de Turini !) si besoin que si je ne parvenais pas à rouler à 4 ou 5 km/h.  Ce n'est jamais arrivé. J'ai réussi à tenir une moyenne de 9 ou 10 km/h dans l'ultime ascension.

Pas de crampes, pas de fringale, de déshydratation ; pas de crevaison, pas de problème mécanique, de coup de chaud. Rien. Juste mes lombaires à étirer lors d'une pause de 2 minutes maximum à mi-ascension. Au moment de changer de versant et d'enfin rouler un peu plus à l'ombre. Juste histoire de prendre comme un nouveau départ.

Rapidement, j'ingurgitais mes 2 gourdes et comprenais que je n'allais pas en avoir assez pour atteindre l'ultime sommet. Au village de Roubion une dame sur le bord de la route tenait une bouteille de 1,5L entamée. Je lui réclamais un peu d'eau pour les 6 derniers kilomètres à parcourir. Elle me versait tout ce qui restait de sa bouteille et m'encourageait pour la fin de course.

Je me sentais sauvé. Persuadé que c'était dans la poche à chaque coup de pédale. Que mes 6 mois de restrictions allaient être bientôt récompensés. Moins dans l'assiette, zéro alcool. Du gainage tous les jours, du home-trainer au quotidien les premiers mois d'hiver dans mon garage à me geler les couilles, et jusqu'à des centaines de kilomètres avalés en quelques mois, du dénivelé à gogo sur les dernières semaines. Des moments de fatigue, de lassitude, de relâchement. Du temps, beaucoup de temps en dehors du boulot, de ma vie familiale. Des sacrifices. D'ici quelques kilomètres, ils allaient payer.

La flamme rouge. Je commençais à avoir des frissons et mes yeux s'humidifiaient. J'entendais maintenant la sono du speaker au loin. Une dernière rampe. Les barrières jaunes typiques du Tour de France qui apparaissaient. J'étais dans un état second. J'accélérais mais à quoi bon gagner quelques secondes ? Je savais que ma femme et mes enfants étaient là quelque part. Ils m'ont attendu tout l'après-midi, patiemment. Je ne savais pas si je les entendais hurler lorsque je passais devant eux, tous les sons se mélangeaient. Enfin la ligne d'arrivée. Blanche immaculée. Un dernier tour de pédale et je franchissais le Rubicon. Sans avoir la force de lever les bras. Juste savourer ce moment délicieux de félicité, seul derrière la ligne avec mon vélo à la main. Voir une médaille de finisher apparaitre à mon cou, et quelques secondes plus tard retrouver tous mes potes déjà arrivés (mais pas tous !) et ma femme, mes enfants. Nous embrasser. Fiers de nous tous les uns envers les autres.

Fier de ma course, et fier de ma préparation également. Fier d'avoir perdu 11 kilos, d'avoir infligé tant d'efforts à mon corps sans qu'il bronche durant ces 6 mois ; durant ces 8h et 24minutes. Je terminerai 4873ème sur un peu plus de 10000 arrivants et plus de 4000 abandons.

Je tiens à remercier ma femme qui s'est montrée patiente et compréhensive lorsque je n'étais pas présent pour le quotidien d'un ménage. Mes enfants pour leurs encouragements ainsi que ma famille.

Mes amis égalements.

Je veux aussi féliciter mes 9 copains du "Roquefort Riders Club". Ils ont tous franchi la ligne d'arrivée ; avec une mention spéciale pour Arnaud qui aura finalement couru cette épreuve avec une disjonction acromio-claviculaire et qui plus est sur un vélo cassé ! Oui, le bruit de disque de frein était dû au bris d'un bras de roue arrière pendant sa chute. Il aurait pu retourner au tapis si son vélo avait cédé dans une autre descente !

Jean-Luc aussi mérite toute notre admiration, il ira au bout de l'effort avec seulement un seul petit mois de préparation. Chapeau !

 

Pour terminer l'histoire de ma petite épopée, voici la vidéo fournie par l'organisation de mes 4 passages aux différents cols. Je suis plutôt facile à reconnaitre, mon casque orange fluo se voit de loin. Au col de Braus, je suis tout en haut de l'écran à marcher à pieds en file indienne derrière les coureurs arrêtés au ravitaillement. Pour les 3 autres passages, vous me verrez tout de suite.

Merci à tous.

Je vous aime.

 

 

 

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